L’Indice de Biodiversité Potentielle en forêt de Fausses Reposes : un projet terminé !

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Lumières d’été dans la forêt de Fausses Reposes

Il y a deux siècles, Chaville était déjà un joyau enchâssé entre deux belles forêts. Difficile de trouver meilleur environnement encore aujourd’hui ! Au regard des destructions que la société s’inflige à elle-même, il semble judicieux de se demander si nos forêts seront encore là dans seulement une centaine d’années. Avec les principes du développement durable en tête, les associations « Chaville Environnement » et « les Colibris de Versailles » se sont  attelées à la tâche d’établir l’inventaire de la biodiversité potentielle des 631 ha de la forêt de Fausses Reposes.

Après trois campagnes annuelles d’évaluation menées avec enthousiasme par une dizaine bénévoles et quelques  stagiaires BTS, la totalité du massif forestier a été mesurée. L’outil de mesure a été créé par le CNPF-IDF[1]  et l’INRA-DYNAFOR[2] il y une dizaine d’années[3]. Il s’agit de l’Indice de Biodiversité Potentielle (IBP). Les évaluations se font sur les arbres par unités de peuplements homogènes. La surface d’un peuplement est généralement située entre un et cinq hectares à Fausses Reposes. L’évaluation de l’IBP d’un peuplement consiste à le parcourir avec une fiche en main et noter les observations relatives à dix facteurs. Les sept premiers facteurs (A,B,C,D,E,F et G) sont liés aux peuplements et à la gestion de la forêt. Il s‘agit de : (A) la diversité des essences d’arbres ; (B) la présence de quatre couches de végétation ou strates ; du gros  bois mort (C) sur pied et (D) au sol ; les particularités des arbres (E) les gros arbres vivants, (F) les porteurs de micro-habitats tels que champignons, cavités de pied, lierre, etc… et (G) la présence de clairières, lisières et autres milieux ouverts. Les trois autres facteurs sont liés au contexte de la forêt : (H) son ancienneté ; (I) ses milieux aquatiques et (J) ses milieux rocheux. Chaque facteur obtient une note 0, 2 ou 5 suivant les observations faites sur ses arbres ou son contexte.

Parcourir la forêt en mesurant sa biodiversité potentielle a aussi des avantages plus immédiats. En effet, des médecins japonais et européens préconisent des « bains de forêt » pour leurs effets bénéfiques sur la santé[4]. Les personnes qui ont parcouru la forêt de Fausses Reposes ont pu ressentir ces bienfaits. De plus, la forêt grâce à sa fraîcheur naturelle nous a protégés des journées très chaudes de cet été.



[1] CNPF-IDF : Centre National de la Propriété Forestière – Institut pour le Développement Forestier

[2] INRA-DYNAFOR : Institut National de Recherche Agronomique – DYNamiques et écologie des paysages AgriFORestiers

[3] https://www.foretpriveefrancaise.com/n/se-documenter-sur-l-ibp-et-la-biodiversite/n:1979

[4] Dr Qing Li, « Shinrin Yoku, l’art et la science du bain de forêt ».Editions First.

La figure ci-dessous  montre la carte d’aménagement avec les unités de gestion de l’Office National des Forêts (ONF). Ces unités de gestion délimitent des peuplements relativement homogènes, comme requis par les mesures d’IBP.

Un certain nombre d’entre vous avez suivi plusieurs formations et maintenant vous êtes évaluateur et partez vers votre morceau de forêt avec votre fiche de relevés en main. Au préalable, vous avez bien identifié ce bout de forêt en dessinant ses contours sur votre fiche ; vous avez renseigné la surface, la date et autres informations demandées sur la fiche ainsi que les longueurs de lisière qui interviennent dans le facteur G caractérisant les « milieux ouverts ». Vous avez une corde avec les marques vous permettant de repérer si la circonférence d’un très gros arbre est supérieure ou non à 2,20 m (diamètre de 70 cm) et si celle d’un gros bois mort est supérieure à 125 cm (diamètre de 40 cm). Si comme les plus expérimentés, il vous est déjà arrivé de découvrir après deux heures de travail que la dernière demi-heure a été passée sur la parcelle voisine, et qu’’il faut recommencer, vous prendrez aussi une boussole et un GPS. La seule difficulté réelle est d’observer un grand nombre de choses en même temps, car il y a 10 facteurs et l’un d’eux, les microhabitats sur les arbres vivants comprend une douzaine de possibilités. Un aspect positif de la méthode est que très souvent vous pouvez identifier rapidement les cinq essences d’arbres qui permettent d’attribuer le score maximum pour ce facteur. D’autres facteurs recevant plus ou moins rapidement le score maximum réduisent progressivement l’éventail des observations à faire, ce qui simplifie la tâche. On commence logiquement par parcourir les larges allées forestières périphériques pour le plus souvent ne plus avoir à rechercher que le bois mort de grosse circonférence en entrant dans le sous-bois. A l’issue de ce parcours, il reste à déterminer les scores à partir des observations et les additionner pour rendre compte de l’IBP de votre morceau de forêt. Les résultats sont ensuite entrés dans une base de données. Ils sont aussi vérifiés pour leur cohérence.

Les unités de gestion de l’ONF sont regroupées en 11 types appelés « groupes d’aménagement » ; ils diffèrent par l’espèce dominante, chêne ou châtaignier, et par l’âge du peuplement. Au regard des scores IBP d’un même groupe d’aménagement, on s’aperçoit qu’il y a de grandes différences à l’intérieur d’un même groupe. Prenons le groupe de régénération (coupe récente de la majeure partie des arbres) en chêne, certaines unités ont un score beaucoup plus haut que d’autres. Il semble que d’une part, ce soit dû au mode d’exploitation car les scores élevés correspondent aux parcelles où davantage de gros arbres bien répartis ont été épargnés lors de la coupe initiale ou bien aux circonstances quand par exemple la tempête de 1999 a dévasté une zone de plusieurs ha. On a pu constater aussi que les coupes d’il y a 20 ou 30 ans laissaient peu ou pas de gros arbres, ce qui tire leur IBP vers le bas. En effet, l’absence de gros arbres vivants après une coupe ne peut générer aucun gros bois mort sur pied et au sol de grosse circonférence avant une bonne cinquantaine d’années et peu de micro-habitats car ceux-ci se trouvent principalement sur les très gros arbres vivants. Ces parcelles ont un temps de récupération beaucoup plus long que les autres.

L’unité de gestion 27b atteint le score maximum de 5 pour tous les facteurs liés au peuplement et à la gestion
Scores moyennés des 544 ha relevés pour les facteurs liés à la gestion. Tous les résultats sont au-dessus de la moyenne de 2,5 sur 5, sauf C et D qui sont représentatifs du bois mort sur pied et au sol.

La courbe bleue du graphique de gauche ci-dessus représente les scores des facteurs liés au peuplement et à la gestion de l’unité 27b. C’est le plus fort IBP de Fausses Reposes, indicatif d’un  morceau de forêt pouvant abriter une biodiversité abondante. Le graphique de droite représente les moyennes de ces mêmes facteurs pondérées par les surfaces, et calculées sur l’ensemble des 631ha parcourus. Le résultat est plus mitigé. En effet, les facteurs A, B, E, F et G sont au-dessus de la moyenne,